Comme tous les amateurs de bières artisanales, vous êtes probablement tombés dans la IPA. On devient fou de ça, on teste tout et on finit par partir dans les extrêmes. On veut du houblon, de la puissance, de l’arôme, plus d’alcool… et on arrive bientôt à : la Triple IPA !
Avant de faire comme nous : de vous tapisser le palais à coup de grosse TIPA pendant tout un hiver pour comprendre que la subtilité c’était pas si mal… on va vous en dire un peu plus sur le sujet.
C’est quoi une triple IPA ?
Une bière triple IPA c’est assez simple : c’est plus de malt, plus de houblon, plus de tout ! Vous obtenez une bière avec un ABV (degré d’alcool) et un IBU (indice d’amertume d’une bière) plus élevées que les autres IPA (simples, doubles…). En général, les TIPA vont faire entre 9 et 12° voir plus, mais, au-delà, on ne trouve pas ça très intéressant. Côté amertume, on est sur un IBU qui va être supérieur à 90, sachant que votre palais peut arriver à capter la nuance jusqu’à 120 environ : on s’en rapproche donc pas mal. En comparaison, dites-vous qu’une IPA aura un IBU compris entre 40 et 60. Pour autant, cela ne veut pas dire que les TIPA sont astringentes et difficiles à boire, au contraire. Comme toujours, ça va dépendre de vos goûts, de la qualité du brassage et donc… Du brasseur. D’ailleurs, il y a quelques subtilités dans le processus qui vont donner ce magnifique résultat…
Un brassage gourmand !
C’est dans le brassage que toute la différence se fait. Brasser une TIPA est un défi car au plus l’alcool monte, au plus, elle est douce et au moins on ressent le coup de fouet du houblon. Ce qui justement n’est pas l’objectif ici. Les ingrédients de base sont : le malt (orge ou autres céréales), l’eau, le houblon et des levures pour la fermentation. Comme pour les IPA , on est dans une bière de fermentation haute car elle se produit à plus de 20 degrés. Les levures utilisées sont, entre autres, sélectionnées pour leur résistance à la température. Une TIPA c’est donc une bière de fermentation haute dans laquelle on va juste augmenter la quantité de chaque ingrédient pour obtenir plus d’alcool et plus d’arômes.
C’est le malt fait à partir de grains germés et torréfiés à différents niveaux qui va amener du sucre à la préparation. Au plus il y en a et au plus la bière aura un corps dense et un taux de sucre élevé. En ajoutant plus de malt que dans les recettes classiques, les brasseurs peuvent ainsi brasser des bières plus intenses. Parfois, un ajout de sucre est possible selon les recettes. Ce sont ensuite les levures (sélectionnés spécifiquement pour les TIPA) qui vont se charger de transformer ce sucre en alcool. D’où le fort taux d’alcool des triples IPA. Puis, les houblons, eux aussi en plus grandes quantités (pendant et souvent après la fermentation) qui vont ramener de l’amertume et des arômes en fonction des variétés utilisées.
L’acidification de l’eau, la carbonatation (ajout de CO₂) peuvent être ajustées afin d’atteindre l’équilibre et la justesse souhaités.
À quel goût vous attendre ?
Pour ce qui est du goût d’une Triple IPA cela va dépendre de plein de facteurs mais en général, on a une bière au profil aromatique et aux saveurs très intenses. Les TIPA sont plus généralement dans la lignée des west coast IPA donc une amertume franche et des arômes résineux, floraux, parfois agrumes… Cette amertume intense va être contrebalancée par la douceur du malt qui est ajouté en conséquence. Vous lirez souvent que les TIPA sont vraiment des bières amères, lourdes mais ce n’est pas forcément vrai. Certains brassins sont parfaitement équilibrés et arrivent à donner une sensation de légèreté subtile qui vous permet de siroter votre pinte sans trop de difficultés. Certains brasseurs utilisent même des levures et des houblons qui vont donner un côté fruit tropical dans la lignée des east coast IPA.
Bref, ça vaut le coup de goûter ! Après, si vous êtes un fan de finesse, de bières cristallines et subtiles, ce n’est pas dans la triple IPA que vous trouverez votre bonheur. Ça reste bien souvent une bonne grosse soupe de houblon qui convient parfaitement à une froide soirée d’hiver. Mais testez, vous pourrez vous faire votre propre avis et peut-être avoir de bonnes surprises !
Comment déguster une TIPA ?
Comme toutes les autres IPA ! Dégustez votre TIPA fraiches au possible vis-à-vis de leur date de production. Sans faire de lien entre le taux d’alcool et la capacité de la bière à se maintenir, pensez au fait qu’elle contient du houblon. Les arômes dégagés ainsi seront meilleurs si la bière a été brassée récemment (au mieux entre 1 et 4 mois après la date de production). Au-delà ce sera correct quand même, ne gaspillez pas. 😉
Pour la température, celle du frigo entre 4 et 10° sera idéale. Bien que, certains la préfèrent davantage autour des 10 que des 4 pour en ressentir encore plus les arômes. Pour le verre restez dans les classiques, un verre tulipe ou à vin sera parfait pour en concentrer tous les parfums autour de votre nez et votre bouche.
Les différents styles de triple IPA
Il n’y a pas énormément de styles différents de triple IPA. Les principales variantes, si on peut les appeler comme ça, sont la triple IPA DDH et la triple NEIPA (pour les puristes, ne criez pas tout de suite). La TIPA DDH c’est une TIPA mais à laquelle on aura encore ajouté du houblon en fin de fermentation, à froid, conformément à la technique du double dry hopped. Sauf que, en fin de compte, cette technique est souvent utilisée de base dans le brassage des triples IPA donc la différence est vraiment infime voire inexistante.
Pour les triples NEIPA, c’est en vérité différent d’une TIPA. Mais d’un point de vue de soiffard, la distinction peut être fine. Une triple NEIPA c’est aussi une bière aux saveurs, arômes intenses et au taux d’alcool élevé. La seule différence, ce sont les arômes qui seront portés sur les fruits tropicaux, la pêche et les agrumes. Les Triples NEIPA auront un côté soyeux et doux qui viendra bien contrebalancer tout ça.
Quelle différence entre une bière triple IPA et une triple Belge ?
Il y a une confusion assez forte entre triple fermentation, triple IPA, triple Belge. Sans aller trop loin dans le détail sachez que certaines bières peuvent subir une triple fermentation, ce qui est parfois le cas des triples belges mais pas des triples IPA. Sinon, triple fait réference à la teneur en alcool et à la dose d’ingrédients de ces bières bien que leur brassage diffère. L’appellation triple belge ou triple n’est pas protégée ou officielle. Elle fait surtout référence à des bières de tradition monastique, chargées en malt, taux d’alcool élevé et aux arômes épicés, fruités dues aux levures belges spécifiquement utilisés. Mais ce terme de triple belge n’a rien à voir avec le fait qu’on y utilise 3 grains ou qu’elle soit systématiquement triplement fermentée.
À la soupe : nos TIPA coups de cœur !
Expliquer c’est bien beau mais le plus important ça reste de goûter ! Alors c’est parti pour nos coups de cœur, deux des meilleures TIPA que l’on a pu boire chez les soiffards.
Vermont triple IPA – Cambier
Tout ce que fait Cambier est bon, précis, équilibré, percutant. Cette Vermont triple IPA est brassée avec des levures qui vont venir appuyer l’aromatique des houblons utilisés : Columbus, Mosaic, Citra, HBC586. Pour résumer simplement, une bombe tropicale, un cocktail de fruit, avec une belle sensation en bouche.
Tripla IPA Citra – Cambier
Et oui, cambier, de nouveau… en même temps quand on voit marquer Triple CITRA et leur nom croyez nous on ne réfléchit pas longtemps ! Le citra est un houblon aromatique emblématique et reconnu pour ses arômes d’agrumes qui vont apporter une touche d’acidité rafraichissante à la bière. Et là c’est triplement citra alors, on dit triplement OUI !
Triple IPA DDH – Fauve
Fauve nous fait plaisir en proposant souvent des triples IPA DDH ou classiques. Elles sont toujours bien charpentées dans le style des TIPA. Une explosion d’arômes et d’amertume contrebalancée parfaitement par la douceur du malt. On est là sur un mélange de Citra, Mosaic et simcoe, le trio incontournable des houblons les plus appréciés.
